« C’était le dernier match de la saison avec un effectif réduit, beaucoup d’aménagement de postes pour palier les blessés. On a essayé de faire de notre mieux, on méritait de gagner. » (CD)

C’est le regard ému et empreint de nostalgie que Christophe Deudon livre ses impressions sur le dernier match de l’équipe senior, celui sur lequel s’achève son rôle de coach au sein du Tonnerre. Un match particulier qui clôt la fin d’une saison régulière riche en émotions, marquée par six victoires et quatre défaites, une saison au goût d’inachèvement au vu de l’objectif d’accès aux playoffs, une saison qui laisse la sensation douloureuse de ne pas être allé au bout du challenge fixé. Défaits, tels étaient les visages des joueurs lors du coup de sifflet final. Plus que la déception de ne pas avoir été victorieux, c’est la rage et la frustration de ne pas avoir donné à leur coach un match à la hauteur des couleurs du Tonnerre, d’avoir manqué à sa devise « jouer sans regret, sans lendemain ». Face au Yankees d’Angers, le Tonnerre n’est pas parvenu à s’imposer devant s’incliner sur le score de 12-10 (Touchdown transformé et fiel goal de Mikaël Tual #13). Malgré un début de jeu prometteur et une volonté de sortir la tête haute de ce championnat, tous ne semblaient pas à l’unisson.

« On avait un jeu généreux, on a proposé des choix offensifs, des tactiques… On manque d’expérience face à des équipes comme celle-là, les Yankees ont 25 ans, on sent la différence. Il y a des changements qui s’imposent dans l’équipe pour la saison prochaine si on veut accéder aux playoffs »

Nous n’avions pas qu’un seul corps se livrant totalement au match, il manquait cette cohésion forte qui constitue l’essence du Tonnerre, ce ciment qui supplante bien des obstacles et permet d’atténuer le goût amer de la défaite. Nous y avons cru dès les premières minutes de jeu, les brestois ont donné le ton, réalisé d’emblée de belles actions faisant écho aux mots prononcés par Christophe Deudon en début de match « faites vous plaisir, jouer pour vous, pour ne rien regretter… » Comment expliquer cette déperdition progressive de l’unité de groupe, ce manque de concentration, ces fautes impardonnables qui coûtent si cher à une équipe pourtant riche de joueurs solides, d’un esprit pugnace et habitée par la passion du football américain ?

« C’est dans ce genre de match qu’on voit l’équipe qu’on a. Ma déception est cette impression qu’il n’y a pas eu d’évolution par rapport au début de la saison. Les erreurs d’inattentions, les contestations face aux arbitres sont toujours là… On s’était déjà tiré une balle dans le pied lors du match à domicile contre les Yankees, c’était notre premier match du championnat et c’était une défaite. L’objectif était un 9-1 pour accéder aux playoffs. On partait avec un handicap. Ce dernier match a mis en évidence les faiblesses de l’équipe, son manque de discipline lors de certaines phases de jeu. J’espère malgré tout avoir construit une bonne base pour celui qui reprendra en main l’équipe la saison prochaine. Mon remplaçant devra gérer cela. » (CD)

Un bilan humble qui révèle les faiblesses de l’équipe senior et pointe du doigt que rien n’est jamais acquis. Alors que nous voyions nos joueurs brestois en marche pour les playoffs, cette réalité est venue contrarier la vision idéaliste d’une équipe rompue à une cohésion sans faille. Nous sommes le Tonnerre et nous ne nous cacherons pas derrière des prétextes vains pour fuir les véritables problèmes qui ont entaché l’accès aux playoffs. Christophe Deudon tient les rênes de coach jusqu’au bout en établissant un constat réaliste de l’état de l’équipe senior, une équipe « prometteuse, pleine de qualités et de gars passionnés qui doit encore grandir, se prendre des coups, garder en tête que la remise en question ne constitue pas un désaveu mais bien la preuve que seule l’humilité, la discipline et la loyauté envers celui qui coache permettent de progresser. C’était un match difficile pour tous ceux qui avaient conscience de ce que Christophe Deudon a donné à l’équipe, un match éprouvant qui aurait dû se conclure sur une victoire.

« J’ai eu beaucoup de mal à coacher ce match… Je pensais avoir donné assez d’envie aux joueurs pour gagner ce match. Certains l’ont fait, d’autres non… C’était difficile émotionnellement, j’ai eu beaucoup de flashback de ces onze dernières années, des défaites, des victoires, ma blessure qui m’a sorti du terrain mais aussi des souvenirs, de belles rencontres qui m’ont donné envie de communiquer ma passion, de la transmettre. Cette transmission, je la poursuivrai en tant que président du club, fonction que je souhaite conserver afin de faire grandir le club. Je ne renonce pas à coacher l’équipe senior pour les punir mais parce que je suis à un carrefour de ma vie où il a fallu que je fasse ce qu’il y a de mieux pour eux. Et le mieux est que je laisse ma place à un autre. Le Tonnerre c’est mon premier bébé, je tenterai toujours de faire le mieux pour le voir grandir. Il faut parfois savoir plier l’échine et trouver une solution pour relever l’ensemble.»

Le ton est donné pour la saison prochaine, ce sera le temps du changement, d’un nouveau challenge que tous, joueurs, dirigeants, membres du staff, supporters, devront relever. Du coach Christophe Deudon, nous retiendront le regard fixé sur ses troupes lors des minutes qui précèdent chaque match, le sourire bienveillant qui console le joueur tombé et l’oblige à se relever, la voix puissante qui n’hésite pas ordonner et à guider, le visage caractéristique de la victoire et celui de ce dernier match qui force au respect, nous donne le droit de chuter pour mieux se relever. De notre coach senior, nous garderons le souvenir nostalgique d’un homme profondément humain, désireux de pousser ses joueurs à dépasser leurs limites. Mais chacun de nous sait aussi qu’il est et restera un homme de terrain, que ses pieds ne pourront de résoudre à quitter le sol sur lequel les corps et les esprits s’affrontent pour la passion du football américain.

« La fin d’un chapitre… le début d’un autre qu’il va falloir écrire… » conclut Christophe Deudon, confiant, serein, le regard déjà posé sur l’avenir de son club.

Myriam Rondet

« On savait comment on allait être reçus tant au niveau sportif qu’extra sportif… » Pour reprendre l’expression caennaise, « « Dame Fortune » a choisi son camp aujourd’hui..» (Christophe Deudon)

Malgré une préparation accrue, des conditions de match optimales et une détermination manifeste, le Tonnerre a chuté sur le score de 55 à 16.
Dès les premières secondes de match, les Conquérants de Caen ont apposé leur marque par un touchdown transformé en guise d’ouverture des hostilités. Un coup dur auquel le Tonnerre était préparé car conscient des enjeux respectifs de l’issue de cette rencontre. Rapidement, les caennais dominent le jeu, échauffent les esprits, mettent à l’épreuve l’équipe brestoise qui réplique, déterminée à ne pas offrir une victoire, soucieuse d’en découdre et de faire honneur à l’esprit du Tonnerre. La volonté paye, deux beaux touchdown sont marqués (Vivien Bourakba et Gerhard Adamek) ainsi qu’un field goal, des jeux sont tentés, les tactiques mises en place lors des entrainements sont éprouvées malgré les aléas du sport notamment les six blessés brestois dont il faut palier l’absence sur le terrain. Malgré un score de 28- 07 à la fin de la première mi- temps, Le Tonnerre ne s’avoue pas vaincu. Christophe Deudon ne ménage pas ses efforts, ne renonce pas devant l’adversité, reconsidère les jeux, les postes, la configuration du match. Les Conquérants de Caen ne concèdent rien, enchainent les touchdown face à des brestois non pas résignés mais enclins à rendre chaque offensive, à répliquer jusqu’au coup de sifflet final. Que dire des joueurs brestois durant ce match ? Doit-on évoquer les blessés entrés sur le terrain juste pour la passion du football américain, l’envie prégnante de faire honneur à leur coach et leurs coéquipiers ? Ne pas le faire serait manquer de montrer la pugnacité d’une équipe, faire l’impasse sur l’essence même du Tonnerre de Brest. Tous étaient réunis pour vaincre, portés par cette foi préservée qu‘ils ne font qu’un une fois entrés dans l’arène.

Certaines défaites sont davantage difficiles en encaisser, certaines pertes semblent nous arrêter en plein vol. Alors que rage et frustration, douleur et peine se confondent, l’échec se révèle tant fulgurant que brutal. En dépit de la certitude d’avoir échoué à l’orée de ce qui devait être l’avènement, une autre constante demeure, imperturbable et salvatrice :

« Il faut continuer de jouer, si on tombe c’est les armes à la main » (CD)

C’est le regard mêlé de rage et de peine que Christophe Deudon livre ces mots. Le Tonnerre a chuté mais a également lutté. Certes, des fautes auraient pu être évitées, des jeux auraient pu se révéler fructueux, des tactiques auraient dû être payantes. Mais l’évidence était là, Caen maitrisait son sujet et jamais le Tonnerre n’en a douté comme le souligne Christophe Deudon « On avait préparé ce match depuis trois semaines. On est venu pour jouer, la loi du sport est ce qu’elle est. On a haussé notre niveau de jeu mais pas assez vue le défit. Trop de fautes de « jeunesse » qui serviront d’expériences, six blessés, des tactiques de jeu à revoir… Le score est justifié, ils ont joué sur leurs forces ».
Le 24 novembre 2013, le Tonnerre n’était pas un incident dans le parcours apparemment si lisse des Conquérants, il a, lui aussi, joué de ses forces, a su créer l’opportunité de faire plier le favori. Ce dimanche 13 avril, les Conquérants n’ont pas simplement réalisé une « formalité », ils ont été confrontés au devoir de prouver leur statut de favori, de mériter leur place en playoffs. Si la défaite caennaise a révélé leur perfectibilité, celle du Tonnerre a mis en évidence sa capacité à se relever. C’est la tête haute que le Tonnerre de Brest sort d’un match éprouvant durant lequel les corps et les esprits ont été malmenés mais pas brisés. Le Tonnerre ne compte pas sortir de sa saison régulière un genou à terre, leur regard est déjà posé sur le match contre les Yankees d’Angers du 27 avril.

Myriam Rondet

« Les joueurs ont été vexés, c’est une défaite salvatrice » (Christophe Deudon)…

Humilité d’un coach qui refuse de plier l’échine tout en étant conscient des faiblesses de ses joueurs, respect d’un homme face à la réalité du sport. Aucun match ne constitue une formalité, l’incertitude est la réalité du sport, elle constitue « le nerf de la guerre », elle permet à chacun des adversaires de dépasser ses limites pour mériter la victoire. Une détermination qui a payé lors du match contre Les licornes de Saint Brieuc. S’imposant sur le score de 26 à 00, les brestois ont dominé le match. Malgré une légère baisse d’attention durant la deuxième mi-temps, le Tonnerre a su se recentrer sur son objectif de victoire, affichant un large panel de jeux ainsi que quatre Touchdown. Christophe Deudon n’a pas caché sa volonté de préparer ses joueurs à la rencontre semble-t-il tant attendue : les Conquérants de Caen.

« Une fois le score acquis et contrôlé, je suis rentré dans un format de jeu en vue du match contre Caen »

Un duel au sommet, un affrontement sans merci auquel le Tonnerre saura répondre avec combativité. Non, le Tonnerre n’est pas un incident de parcours mais une équipe pugnace habitée par la passion du football américain qui sait allier force et stratégie. Si une grande équipe se définit par ses résultats, elle ne peut gagner le respect de ses pairs que par sa capacité à considérer son adversaire comme une mise en péril potentielle. Il n’y a pas de matchs scellés à l’avance, pas de victoires préétablies ou d’équipes rompues à la défaite. Comment se fier à des probabilités, des statistiques ou pire à « Dame Fortune » en prenant pour acquis un statut de vainqueur ? Chaque match impose le devoir de prouver que l’on mérite son titre de favori. Contre les Conquérants de Caen, le Tonnerre de Brest ne fera pas figuration. Peu importe le résultat final, il prouvera qu’il n’est en aucun cas un incident mais bel et bien un adversaire solide qui ne joue pas au hasard et n’assure nullement la victoire sur un coup de chance. Quelle que soit l’issue de cette rencontre, le Tonnerre est dors et déjà victorieux car il est parvenu à révéler le potentiel, les valeurs et la passion d’une équipe en devenir.

Myriam Rondet.